L’histoire du musée d’Orsay, Boudin roi des ciels ou les plus célèbres vols d’œuvres d’art… 13 livres à savourer au soleil
Grâce à notre sélection de mai, entrez dans les coulisses du dessin ou de la transformation de la gare d'Orsay en monument de l'art, prenez l'air sous les ciels de Boudin et arpentez le Paris d'antan avec Marville, ou découvrez de palpitantes histoires d'œuvres volées...
Pourquoi les artistes dessinaient-ils autant ? Par qui et comment leurs dessins étaient-ils collectionnés ? Comment expliquer la destruction de très nombreuses feuilles ? Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le dessin – ou presque ! – se trouve dans ce bel ouvrage des éditions Citadelles & Mazenod (qui appartiennent au même groupe que « Connaissance des Arts »). Fruit d’années de recherche d’un spécialiste du dessin italien, Éric Pagliano, conservateur en chef du patrimoine, le livre se consacre aux « dessins de maîtres » de la fin du Moyen Âge à la fin du XXe siècle et entend redonner au dessin sa dimension exploratoire. Il décortique toutes les étapes préparatoires à une œuvre peinte, de la première pensée au carton à échelle 1 qui était reporté sur la toile. Savant et truffé de belles feuilles de Léonard de Vinci, Raphaël, Ingres, Delacroix ou Van Gogh, l’ouvrage propose deux focus passionnants. L’un sur les différentes compositions envisagées pour La Madone au long cou, chef-d’œuvre maniériste du Parmesan ; l’autre sur les nombreux dessins préparatoires de Picasso pour son manifeste cubiste Les Demoiselles d’Avignon. Car qui l’eût cru, les œuvres de Kandinsky, Matisse ou Picasso, qui semblent si spontanées, étaient elles aussi issues d’un long processus de création.
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L’incontournable Germaine Richier
Germaine Richier, vie et œuvre, catalogue raisonné, Tome 1, par Françoise Guiter, Silvana Editoriale éd., 560 pp. et 104 pp., 743 ill., 180 €.
« Seul l’humain compte », affirmait-elle. Née en Provence en 1902, Germaine Richier passe son enfance dans la garrigue. Formée à la sculpture figurative classique pendant les années 1920, elle occupa une position centrale dans l’histoire de la sculpture moderne. Réalisé par la nièce de l’artiste, Françoise Guiter, sous la direction de sa fille Sophie Guiter, ce coffret comprend le tome 1 du catalogue raisonné (1916-1946) ainsi qu’un livret réunissant la liste des expositions et une bibliographie. À suivre, les tomes 2 et 3.
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Des œuvres très convoitées
Petites histoires de l’art volé en 50 œuvres, par Susie Hodge, Pyramyd éd., 176 pp., 22,50 €.
Chacun des 24 chapitres de ce livre pourrait faire l’objet d’un roman, voire d’un film. Ou d’une aventure de Tintin. Le vol des œuvres d’art est-il une activité lucrative ? Peut-être. C’est surtout un domaine criminel colossal, puisque le FBI estime que sont volés chaque année entre 4 et 6 milliards de dollars d’œuvres d’art. La très prolifique Susie Hodge s’est lancée avec brio sur la piste de quelques affaires retentissantes, élucidées ou mystérieuses, toujours étonnantes. Notre préférée ? La razzia sur l’art chinois qui a frappé, entre 2010 et 2015, plusieurs musées européens.
Êtes-vous plutôt minimaliste, organique, biophilique ou exubérant ? C’est bien de style et de décoration dont nous parle Joan Barzilay Freund dans ce répertoire de 150 intérieurs contemporains. Des clichés « léchés » accompagnés d’une brève description offrent un aperçu du travail de grands décorateurs d’aujourd’hui à travers 25 styles. Le style floral, par exemple, fait entrer la nature et apporte de l’énergie dans l’espace de vie, tandis que le style neutre opte pour une sobriété apaisante tout en rehaussant les formes, textures et matériaux du mobilier. Pour sûr, la roue chromatique de la couverture psychédélique de cet ouvrage fera son effet dans un intérieur dynamique. On s’amusera aussi à s’imaginer dans l’un de ces lieux : le salon arboré de l’artiste Sarah Sze, la maison côtière du designer Greg Natale à Sydney, ou l’appartement surréaliste de Vincent Darré ? À vous de choisir !
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Des rails aux cimaises
La Gare d’Orsay et ses métamorphoses, collectif, sous la direction de Clémence Raynaud, éd. Hazan-Musée d’Orsay, 192 pp., 35 €.
Bâtiment à transformations, la gare d’Orsay n’a jamais été un lieu banal. Construire en 1900 un terminal ferroviaire en plein centre de Paris, au bord d’un fleuve sublime, était un défi. Il fallait un palais, de taille à soutenir le voisinage du Louvre. On choisit une décoration fastueuse, mélange d’éclectisme et de modernité pour un bâtiment aux coupoles volumineuses et à l’ossature solide. Délaissé par les trains, centre d’accueil des prisonniers et des déportés, théâtre, salle des ventes, hôtel, il a pris sa retraite en devenant le plus merveilleux musée du monde.
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L’art pour s’engager
Man Ray, 100 Photos pour la liberté de la presse, Reporters sans frontières éd., 144 pp., 12,50 €.
L’imagination de Man Ray n’avait pas de limites. Il inventait, transformait, jouait avec le réel. Reporters sans frontières lui rend hommage dans ce beau portfolio de 100 photos. Portraits, natures mortes, expérimentations de techniques photographiques comme le rayogramme ou la solarisation : autant de façons pour Man Ray d’exprimer une liberté sans cadre. L’artiste et ceux qui défendent la liberté de la presse partagent ce même désir de montrer, de dire, sans entraves. Un livre inspirant, à la croisée de l’art et de l’engagement.
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Épuisé mais en forme
Album primo-avrilesque, par Alphonse Allais, éd. Aux Feuillantines, 16 fiches réunies, 20 €.
Mieux qu’une tablette de chocolat dont il a pourtant le format ! Ce petit livre-objet tout à fait ravissant est aussi l’édition soignée d’un texte historique et disparu que l’on doit à Alphonse Allais, et une source inépuisable d’amusement. L’auteur le fit paraître le 1er avril 1897, poisson d’avril célébrant une marotte : la peinture monochrome. Au sommaire, sept fois « une toile, une couleur », telle Manipulation de l’ocre par des cocus ictériques, terriblement jaune ! Les Feuillantines ont ressuscité avec goût une réflexion spirituelle et un objet à mettre entre toutes les mains, de 3 mois à 100 ans !
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Édition Haute Couture
Le Livre du bonheur, collectif, 286 pp., 71 enluminures, reliure turque en cuir décoré à l’or, vol. de commentaires de 448 pp., M. Moleiro Editor, 150 €.
La maison d’édition M. Moleiro s’est spécialisée dans la reproduction de codex, de cartes et de manuscrits enluminés. Par le soin extrême apporté à chacun de ses ouvrages, elle préfère d’ailleurs substituer au terme de fac-similé celui de « quasi-original », plus adéquat pour décrire son travail qui s’apparente à de l’artisanat de luxe. Ainsi, toutes les éditions de la maison sont limitées à 987 exemplaires, numérotés et authentifiés par acte notarial. Copie quasi conforme du manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale de France, ce Livre du bonheur n’échappe pas à la règle. Réalisé sur l’ordre du sultan Mourad III (1546-1595), l’un des mécènes les plus raffinés de toute l’histoire de l’Empire ottoman, ce somptueux traité déploie sous nos yeux un flot d’images oniriques peuplées de palais et de créatures exotiques, d’une sidérante beauté.
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Tout sur Marville
Charles Marville 1813-1879. Du pinceau à la chambre noire, par Bertrand Lemoine, éd. des Presses du Pont, 656 pp., 1019 ill., 65 €.
La mémoire de Paris, c’est lui. Ses clichés du Vieux Paris en 1865 forment à jamais un relevé poétique, bizarre, de notre patrimoine urbain, comme un rêve très ancien. Mais Charles Marville (1813-1879) a été aussi un dessinateur ami d’Ingres, un illustrateur de livres et un grand photographe de paysages et d’architecture. Première biographie consacrée à ce pionnier, le livre de Bertrand Lemoine est une somme détaillée sur la vie et l’œuvre monumentale de cet artiste illustre et méconnu à la fois, et un récit qui se lit comme un roman.
Monet le proclamait : « Si je suis devenu peintre c’est à Eugène Boudin que je le dois. » Longtemps, néanmoins, on a un peu négligé ce peintre. Comme s’il avait été submergé par la vague impressionniste puis par les mouvements se succédant sans répit, fauvisme, cubisme et jusqu’à l’abstraction, dont il fut certainement l’un des démiurges secrets. Rappelons que Baudelaire voyait dans ses « prodigieuses magies de l’eau et de l’air » la tentation dangereuse d’une peinture sans aucune figure. On se félicite donc de l’exposition du musée Marmottan Monet dont ce livre est le catalogue (publié par In Fine Éditions d’art, qui fait partie du même groupe que « Connaissance des Arts »), et qui accueille l’exceptionnelle collection de Yann Guyonvarc’h. Des plages de Deauville aux vues de Venise, revoir Boudin et sa lumière, enfin.
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Quand les femmes mettent à nu
Oser le nu. Le nu représenté par les artistes femmes, par Camille Morineau, éd. Flammarion, 232 pp., 39 €.
Depuis quelques années, l’histoire de l’art tente d’écrire un nouveau récit, celui des femmes artistes longtemps invisibilisées par le discours dominant et écartées des académies où était enseigné le nu. Et s’il existait une autre histoire du nu ? C’est la question que se pose Camille Morineau, commissaire de la célèbre exposition « elles@centrepompidou », qui constate que les femmes n’ont jamais cessé de faire des nus. Qu’attendons-nous d’un nu fait par une femme ? Pourquoi produisent-elles si peu de nus masculins ? Tant de questions qui méritent le détour.
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En Afrique du Nord
Au Sahara en chameau, en auto, en paquebot, par Dominique Boudet, 256 pp., 450 ill env., et Le tourisme des années folles vu par Sandoz, par Sébastien Meer, 208 pp., 350 ill. env., 2 vol. sous coffret, éd. Monelle Hayot, 70 €.
Promu par la Compagnie générale transatlantique de navigation entre les deux dernières guerres mondiales, le tourisme en Afrique du Nord s’étendit jusqu’aux contrées désertiques. L’ouvrage nous plonge dans cette fascination orientale grâce à une documentation inédite ou rassemblée pour l’occasion : celle des croisières sahariennes et celle laissée par le sculpteur suisse Édouard Marcel Sandoz (1881-1971) à l’issue de voyages effectués entre 1922 et 1928. Sans parti pris, un document irremplaçable.
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Dans l’atelier de Breton
L’Atelier d’André Breton. Mur Mondes, sous la direction d’Aurélie Verdier, éd. du centre Pompidou, 400 pp., 69 €.
Il y a cent ans, André Breton (1896-1966) définissait le surréalisme comme un « automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer […] le fonctionnement réel de la pensée ». Aujourd’hui, ce livre redéfinit André Breton à travers quelque 300 objets de sa collection. En passant par des crânes d’Indonésie, des amulettes de momie, des jeux de cartes, des toiles de Picasso ou de Miró, jusqu’à une boule de cristal divinatoire, l’atelier d’André Breton est un temple surréaliste. Une plongée dans l’esprit et l’intime du créateur du surréalisme.