Sarah Moon remporte le premier Grand Prix de l’Académie des beaux-arts en photographie

Sarah Moon remporte le premier Grand Prix de l’Académie des beaux-arts en photographie
Portrait de Sarah Moon en 2008 © LP / photo Olivier Lejeune

Le Grand Prix sera remis à la photographe aux images oniriques lors d’une cérémonie officielle sous la Coupole du Palais de l’Institut de France, le mercredi 4 juin prochain.

À l’initiative du secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts, le compositeur Laurent Petitgirard, le Grand Prix de l’Académie des beaux-arts a été créé en 2023. Il récompense pour chacune des neuf sections de l’Académie (peinture, sculpture, architecture, gravure et dessin, composition musicale, membres libres, cinéma et audiovisuel, photographie, chorégraphie), à raison de trois par an, « des artistes de nationalité́ française ou étrangère s’étant illustrés grâce à l’excellence de leur carrière ou le caractère particulièrement remarquable d’une œuvre récente ou d’une action récemment menée. » Cette année, la Française Sarah Moon deviendra la première lauréate de la section photographie et recevra une dotation de 30 000 euros.

Récompensée par ses pairs

Le choix du lauréat se faisant sur la proposition des membres de chaque section, Sarah Moon a donc fait consensus au sein de celle dédiée à la photographie, composée de Yann Arthus-Bertrand, Valérie Belin, Jean Gaumy (dont l’exposition « Jean Gaumy et la mer » a débuté au Musée National de la Marine), Françoise Huguier (qui reviendra à partir de fin mai à la galerie Polka sur plus de vingt années de travail en Afrique subsaharienne), Dominique Issermann et finalement Sebastião Salgado, dont les images prises aux quatre coins du monde sont à voir aux Franciscaines de Deauville jusqu’au 1er juin.

Sarah Moon, Fashion 4, Yohji Yamamoti, 1996 © Sarah Moon / Adagp, 2025

Sarah Moon, Fashion 4, Yohji Yamamoti, 1996 © Sarah Moon / Adagp, 2025

De la mode à une approche plus intime de l’image

Issue d’une famille juive française, Sarah Moon naît en Normandie pendant l’Occupation, puis est envoyée en Angleterre pour faire ses études primaires et secondaires. De retour en France, elle fait du mannequinat avant qu’un concours de circonstances mette entre ses mains un appareil photo: «  On m’a prêté un appareil Nikon. Puis j’ai remplacé au pied levé un ami photographe », Jean-Régis Roustan. Nous sommes en 1967 et commence alors sa carrière à succès dans l’image de mode, aussi bien photographique qu’audiovisuelle.

Sarah Moon, Le pavot, 1997 © Sarah Moon / Adagp, 2025

Sarah Moon, Le pavot, 1997 © Sarah Moon / Adagp, 2025

En 1985, alors que son fidèle assistant Mike Yavel meurt, elle commence à approfondir une approche plus personnelle de la photographie. En studio, en extérieur avec une caméra, un polaroïd ou un reflex, elle continue son travail mais sur un autre terrain. Ces images deviennent le « résultat d’une nécessité intérieure, celle d’exprimer l’écho du monde au plus profond de soi, comme l’affirme Anne Maurel. Chacune de ses images est une histoire qu’elle ne raconte pas mais suggère en la contenant dans le suspens d’un geste ou l’énigme d’un regard : tout un monde possible, non-advenu, qu’elle a su apercevoir et qu’elle nous fait entrevoir. »

Sarah Moon, La mouette, 1998 © Sarah Moon / Adagp, 2025

Sarah Moon, La mouette, 1998 © Sarah Moon / Adagp, 2025

Une œuvre reconnue

Au fil de sa carrière, l’œuvre photo de Sarah Moon a été récompensée de distinctions prestigieuses à l’international, comme un Lucie Award aux Etats-Unis en 2006, puis en France avec le prix Nadar pour son ouvrage 1.2.3.4.5. publié en 2008.L’année suivante, elle devenait commandeur de l’ordre des Arts et des Lettre. Par ailleurs après une exposition au musée de la Photographie Charles Nègre à Nice en 2011-2012, elle a plus récemment bénéficié d’une première rétrospective intitulée « PasséPrésent » au Musée d’Art moderne de Paris (2020-2021).

De gauche à droite : Antoine Lecharny, Sara Imloul par Tokio Okada et Damien Daufresne © Antoine Lecharny / Tokio Okada / Damien Daufresne

De gauche à droite : Antoine Lecharny, Sara Imloul et Damien Daufresne © Antoine Lecharny / Tokio Okada / Damien Daufresne

Après la cérémonie de remise de prix, suivra une conversation animée par la correspondante de l’académie Sylvie Hugues avec la lauréate, qui présentera à cette occasion les artistes avec lesquels elle a décidé de partager sa dotation de 30 000 euros, Damien Daufresne, Sara Imloul et Antoine Lecharny.

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