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Archéologie : découverte surprenante en Israël de rares figurines africaines vieilles de 1500 ans dans des tombes chrétiennes

Archéologie : découverte surprenante en Israël de rares figurines africaines vieilles de 1500 ans dans des tombes chrétiennes
De surprenantes statuettes ont été mise au jour lors de la fouille de trois sépultures de la nécropole romano-byzantine de Tel Malḥata, en Israël. © Svetlana Talis, Autorité des Antiquités d'Israël

En fouillant la nécropole de Tel Malḥata dans le désert du Néguev, des archéologues israéliens ont mis au jour de rares figurines en os et en ébène. Ces artefacts à l’effigie de personnages africains pourraient être des représentations des ancêtres des défunts.

Le 14 mai 2025, l’Autorité des antiquités d’Israël (IAA) a annoncé la découverte de cinq figurines africaines en os et en bois d’ébène dans le désert du Néguev. Ces surprenantes statuettes ont été trouvées en 2017, lors de la fouille de trois sépultures de la nécropole romano-byzantine de Tel Malḥata, en Israël. Vieilles de 1500 ans, elles représentent des personnages originaires d’Afrique et pourraient avoir été portées en pendentif d’après une récente étude publiée dans le journal « ‘Atiqot ». Mais que faisaient ces têtes africaines dans des tombes d’époque byzantine ? Les chercheurs expliquent que les défunts inhumés ou leurs ancêtres étaient probablement des Africains convertis au christianisme qui se sont installés dans le Néguev, mais qui ont conservé leurs anciennes traditions.

Une surprenante découverte dans la nécropole romano-byzantine de Tel Malḥata

Tel Malḥata est un site archéologique situé dans le nord-est du désert du Néguev, en Israël. Fondé durant l’âge du Bronze moyen, il est occupé jusqu’à l’époque byzantine, puis est abandonné au début de la période islamique. En 2016 et 2017, deux opérations de sauvetage sont menées dans la nécropole localisée au sud du site. Ces explorations ont permis aux archéologues de fouiller 155 tombes contenant les dépouilles d’individus ayant vraisemblablement été inhumés selon la tradition chrétienne.

Bols en poterie, probablement utilisés lors d'un repas lié à l'enterrement, découverts sur le site de fouille de la nécropole romano-byzantine de Tel Malḥata, en Israël. © Photo : Svetlana Talis, Autorité israélienne des antiquités

Bols en poterie, probablement utilisés lors d’un repas lié à l’enterrement, découverts sur le site de fouille de la nécropole romano-byzantine de Tel Malḥata, en Israël. © Photo : Svetlana Talis, Israel Antiquities Authority

Parmi elles, trois sépultures de femmes et d’enfants remontant à l’époque byzantine (IVe-VIIe siècle après J.-C.) ont attiré leur attention. Ces tombes à ciste (fosses simples dont les parois étaient couvertes de dalles en pierre) renfermaient un riche mobilier funéraire composé de rares figurines africaines en os et en ébène. Mais quelle était leur origine et pourquoi ces objets ont-ils été placés dans ces sépultures ?

De rares figurines africaines en os et en ébène

Les cinq figurines mises au jour dans le cimetière de Tel Malḥata ont été réalisées à partir d’os et de bois d’ébène. Elles étaient soigneusement placées dans les tombes, auprès des deux femmes et de l’enfant défunts. Si les statuettes en os sont connues dès le Néolithique en tant qu’objets utilisés dans les rituels domestiques et les funérailles, celles en ébène sont extrêmement rares. Ce matériau provenait en effet du sud de l’Inde et du Sri Lanka et restait donc moins accessible.

Des têtes de personnages africains sculptés découvertes sur le site pourraient attester de l'origine des personnes enterrées. © Dafna Gazit, Autorité israélienne des antiquités

Les têtes de personnages africains sculptés découvertes sur le site de Tel Malḥata pourraient attester de l’origine des personnes enterrées. © Dafna Gazit, Israel Antiquities Authority

Les deux petites têtes en ébène mises au jour figurent une femme et un homme présentant des traits africains. Elles ont été minutieusement sculptées, polies, puis percées d’un trou qui permettait de les porter autour du cou en pendentif. Leur fonction n’était donc pas uniquement décorative. Il s’agissait sans doute aussi d’objets personnels évoquant l’histoire de leurs propriétaires. D’autres offrandes funéraires ont également été déposées dans ces sépultures. Les archéologues ont ainsi découvert des récipients en verre, des bracelets en bronze ainsi que des bijoux en albâtre et en pierre.

Les deux petites têtes en ébène découvertes dans la nécropole de Tel Malḥata figurent une femme et un homme présentant des traits africains. © Dafna Gazit, Autorité des Antiquités d'Israël

Les deux petites têtes en ébène découvertes dans la nécropole de Tel Malḥata figurent une femme et un homme présentant des traits africains. © Dafna Gazit, Israel Antiquities Authority

Des liens culturels inattendus dans le désert du Néguev

Pendant l’époque romano-byzantine, Tel Malḥata était un carrefour commercial important par lequel transitaient de nombreux produits de luxe. Des caravanes de marchands en provenance du sud de l’Arabie, de l’Inde et de l’Afrique y faisaient fréquemment halte. La découverte de statuettes africaines en ébène dans des sépultures chrétiennes du désert du Néguev éclaire ainsi l’histoire de cette région cosmopolite.

Outre les figurines, des objets en verre, des bijoux en albâtre et des bracelets en bronze ont également été découverts lors de la fouille de la nécropole romano-byzantine de Tel Malḥata, en Israël. © Dafna Gazit, Autorité des Antiquités d'Israël

Outre les figurines, des objets en verre, des bijoux en albâtre et des bracelets en bronze ont également été découverts lors de la fouille de la nécropole romano-byzantine de Tel Malḥata, en Israël. © Dafna Gazit, Israel Antiquities Authority

Selon les chercheurs, « il est possible que ces figures représentent des ancêtres et reflètent donc des traditions transmises de génération en génération, même après l’adoption de la religion chrétienne ». Si cette hypothèse est vraie, les défunts inhumés dans cette nécropole (ou leurs prédécesseurs) seraient des Éthiopiens qui se seraient convertis au christianisme, avant de migrer vers le nord et de s’installer à Tel Malḥata. Ils auraient sculpté ces statuettes sur place ou les auraient ramenées d’Afrique en tant qu’objets finis. Il y a 1500 ans, le Néguev possédait donc une riche diversité culturelle. Cette région stratégique était le théâtre de fructueux échanges commerciaux et aurait même attiré des populations originaires du continent africain.