Au printemps 1971, Jim Morrison s’installe à Paris après une période épouvante aux États-Unis. Il a été condamné en première instance pour « outrages aux bonnes mœurs » et « exhibition indécente » lors d’un concert à Miami, d’autres stars de la musique comme Brian Jones, Janis Joplin et Jimi Hendrix sont morts récemment, et l’enregistrement de L.A. Woman, sixième album de son groupe The Doors, vient d’être terminé. Ce séjour lui permet d’échapper en partie à la frénésie américaine. Néanmoins, Jim Morrison est retrouvé mort le 3 juillet dans des conditions encore troubles, à l’âge de 27 ans. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise quatre jours plus tard, et sa tombe devient très tôt un lieu de pèlerinage pour les inconditionnels de l’artiste. Un buste posé en son honneur, puis subtilisé quelques années plus tard, est réapparu par hasard lors d’une perquisition, soit 37 ans plus tard.
Une affaire irrésolue
Dix ans après sa disparition, le sculpteur croate Mladen Mikulin dépose un buste à son effigie sur sa tombe pour lui rendre hommage. Elle devient alors « ce que la Joconde est au Louvre », selon Benoît Gallot, conservateur du cimetière du Père-Lachaise. Certains fans et visiteurs la recouvrent de graffitis, l’ébrèchent, repartent avec des morceaux, comme le nez.

Tombe de Jim Morrison au Père-Lachaise entre 1981 et 1988 © Wikimedia commons / Bermudos
Finalement, le 9 mai 1988, la sculpture est dérobée. De nombreuses hypothèses, parfois farfelues, ont été émises sur ce vol. On peut supposer toutefois que le vol avait été prémédité, dans la mesure où le buste ne pèse pas moins de 128 kg. Au début des années 1990, un autre admirateur tente, sans succès, de le remplacer par un autre buste en bronze, mais il est intercepté par les gardiens du cimetière alors qu’il essayait de percer la tombe pour y fixer l’œuvre.
Réapparition inopinée
Il y a un peu plus d’un mois, la Ville de Paris célébrait les soixante ans de la formation des Doors en donnant le nom de Jim Morrison à une passerelle du port de l’Arsenal (12ᵉ arrondissement).
Pourtant, le 20 mai, c’est un miraculeux hasard qui a sans doute donné le plus de joie aux fans et à la famille du chanteur. La direction de la Police judiciaire de la Préfecture de police a annoncé sur son compte Instagram que : « lors d’une enquête menée par la Brigade financière et anticorruption […] ce symbole emblématique des fans du chanteur a pu être récupéré. »

Tombe de Jim Morrison en 2022 © Wikimedia commons / Superbass
Cette trouvaille, datant du 14 mai, est d’autant plus heureuse qu’elle est tout à fait fortuite, cette perquisition n’ayant pas pour objectif de remettre la main sur l’objet, par ailleurs visiblement très abîmé. Par ailleurs, un tableau d’Andy Warhol aurait également été trouvé. À ce jour, on ignore comment le buste s’est retrouvé à cet endroit, ni à cause de qui.
Un retour au Père-Lachaise ?
Nul doute que les fans espèrent maintenant revoir la sculpture sur la tombe de Jim Morrison. Pour autant, Benoît Gallot a précisé au « Figaro » que le cimetière n’avait pas encore été contacté.Quoi qu’il en soit, par l’intermédiaire d’un porte-parole, la famille du chanteur a fait part de sa satisfaction à l’annonce de la nouvelle auprès du magazine américain « Rolling Stone ». « Ce buste est évidemment un morceau d’histoire, et la famille de Jim souhaitait qu’il soit présent sur sa tombe ; il est donc gratifiant de constater qu’il a été retrouvé. »